Il fut ce temps des lumières qui rayonnent encore dans nos coeurs. Il fut ce temps des esprits qui nourrissent encore nos mots, et chaque jour le reflet de ce passé brille sous nos pas pour continuer ce dessin céleste UN. Univers sombre, des luminaires planent, des étoiles éteintes depuis tant d'années, néanmoins de cette énergie expirée jaillit cette nouvelle constellation silencieuse, captant notre regard qui à son tour rallume l'objet premier, éclairer notre vie, qui peut-être commence par la pensée.
Travail sur la relation intrinsèque de présence/absence autour du vêtement
Par cette installation, j'évoque le subtil équilibre entre la présence fantôme et la désertion d'un lieu, matérialisées par la blancheur naïve et aérienne du vêtement suspendu. C'est dans ce vaste lieu abandonné où l'ambiance chaotique des sols et des murs à l'atmosphère sonore industrielle que cette installation nous renvoie à toute une dimension criante d'un passé oublié, où la puissance du lieu et de l'action humaine persistent dans ce climat artistique dénonciateur d'un besoin d'exister malgré tout la perte d'identité du lieu et des corps.
Briques faites par compression de papiers et tracts déchirés, dessinées et peintes avec une technique mixte 21cm/9cm
Travail de la matière sur mes chaussettes, sculptures mesurant entre 40 et 50cm de hauteur
J'y glisse mon pied, j'y glisse mes doigts, sans elle je sens le froid, sans elle je sens c'est froid. Me protéger c'est bien cela qu'elle semble de surcroît vouloir de moi, pourtant dans l'herbe j'aime la perdre et découvrir ces émotions qui pénètrent ma peau, elle réconforte et transporte au fond de moi cet étrange phénomène racine. Elle est fine elle est tendre, propre puis sale, elle vit ma vie du matin parfois jusqu'à l'autre matin, mais parvient le soir à me rappeler qu'il est au fond l'heure de la quitter.
Rose, noire verte ou rayée, elle suscite l'envie de choisir et d'habiller une partie de moi souvent peut approuvée selon l'époque selon ce qu'elle évoque on la prend, on la jette, mais elle nous manque quand elle part en cachette.
J'aime la regarder, elle se dévoile parfois, dans des nu-pieds, un angle de rue, la chaussette nous suit, elle marque notre chemin et participe à notre destin.
Dans ce monde bétonné, au grand paradoxe, il serait bon de sortir de cette surface tissée et emprunter parfois les sentiers pour se retrouver, afin d'aérer notre esprit et respirer l'air que nous avons sous nos pieds, la seule zone qui nous relie à notre terre mère.
Souvent caché, le pied est racine, ayant été la dernière partie en communication aux entrailles de notre mère. Il foule cette terre que nous regardons de si haut, cette voûte plantaire où est retranscrite chaque zone de notre corps, martelée par l'envie d'avancer et signer son passage.
La chaussette est l'intime partagé, c'est la possibilité pour moi de parler de l'humain sans le peindre ou le dessiner, elle est à la fois support et sujet, sa forme est corollaire à mon style pictural et définit précisément le sens de ma peinture, l'existence de l'Homme, son évolution, sa vie.
La chaussette est un concept où chacun peut se retrouver, un dénominateur commun n'éloignant aucun spectateur, elle porte sa propre histoire identique à nous tous.
Je peins ce que je nomme "la ligne de vie" sur cette surface, image poétique de l'empreinte qui révèle la dynamique du temps.
Le trait, la ligne, sont le symbole de l'humain, et ses rapports à l'existence pure et simple de toutes choses:
cheveux, silhouettes, immeubles, arbres, cordes de guitare, routes, phrases, échanges...
La chaussette protège la partie anatomique
participant à la marche et à la position debout dont, les zones réflexes plantaires.
Elle nous habille et même si parfois on la laisse, tels l'homme et la femme, on ne peut s'en séparer ni s'en passer pour certains elle reste un signe de raffinement, pour d'autre une simple nécessité, mais nous aimons son côté protecteur et sa douceur.
Le pied nous appartient, il nous identifie en tant qu'humain, la chaussette est donc l'image physique de l'Homme dans mon travail artistique.
Bon œil, bon pied.
- "Tiens, il semblerait que cette petite chaussette intrigue plus de monde que je ne le pensais!"
Si dessous un documentaire récent de 2016 sur france culture "les docks par Irène Omélianenko" sur la question de la chaussette dans notre société.